Philippe Mesmer

ShomuniLe gouvernement semble décidé à agir. La mention de l’emploi des femmes dans son projet de stratégie de croissance est une première au Japon. Décidé à bâtir une société dans laquelle “les femmes brillent”, Shinzo Abe veut qu’elles occupent 30 % des postes à responsabilité des entreprises – la moyenne des pays de l’OCDE – contre seulement 10 % aujourd’hui. En parallèle, il prévoit d’augmenter le nombre de places en crèche de 400 000 en quatre ans et d’allonger les congés parentaux de dix-huit mois maximum actuellement à trois ans. Le chef du gouvernement devra se montrer convaincant avec les entreprises. Certes, plusieurs groupes ont consenti des efforts. Les grands magasins Takashimaya facilitent les congés parentaux – pour les mères et les pères – afin de conserver leur personnel, et le constructeur automobile Mazda a mis en place son propre service de crèche. Une enquête réalisée en 2012 révélait cependant que 25 % des 1 400 entreprises consultées préféraient toujours voir une femme démissionner au moment de la naissance d’un enfant plutôt que de s’absenter pour cause de congé maternité. Comme le note un haut fonctionnaire japonais, “les lois, c’est bien, mais le plus dur est de faire évoluer les mentalités“.

One thought on “Philippe Mesmer

  1. shinichi Post author

    Au Japon, le sexe faible appelé en renfort

    M le magazine du Monde

    par Philippe Mesmer

    http://www.lemonde.fr/le-magazine/article/2013/09/14/au-japon-le-sexe-faible-appele-en-renfort_3475978_1616923.html

    C’est un particularisme japonais : seulement deux tiers des femmes de l’Archipel travaillent, essentiellement à des postes précaires, alors qu’elles sont plus de 80 % à avoir un emploi dans la majorité des autres pays de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE). Or, cette spécificité apparaît désormais comme un handicap qu’il convient de surmonter, et le gouvernement de Shinzo Abe se prépare à engager, avec les partenaires sociaux, des discussions sur ce sujet délicat. Car le Japon fait aujourd’hui face à une urgence démographique : la population active ne cesse de décliner depuis 1995. Elle représentait 63,9 % de la population totale en 2010, mais ce chiffre pourrait passer à 58,5 % en 2030. Un déficit de main-d’oeuvre auquel le gouvernement entend remédier en augmentant le taux d’emploi des femmes… tout en incitant les Japonaises à faire plus d’enfants. Les précédentes tentatives, trop timides, n’ont guère donné de résultats. Malgré un arsenal législatif renforcé depuis l’acte sur l’égalité d’accès à l’emploi de 1985, suivi de plusieurs textes sur les congés maternité et, en 2007, d’une charte sur l’équilibre vie familiale-vie professionnelle, la situation ne s’est guère améliorée. Margarita Estévez-Abe, de l’université de Syracuse (Italie), auteure d’une étude sur l’égalité hommes-femmes dans le monde, note que “le gouvernement japonais a toujours été réticent à promouvoir l’égalité hommes-femmes”. L’Archipel est d’ailleurs relégué au 101e rang du classement établi par le Forum économique mondial en matière d’inégalité entre les sexes.

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